mardi 21 octobre 2008

Nouvellement vôtre

Après deux semaines d'interruption à cause de l'Action de Grâce (jour férié mystérieux qui n'empêche pas les équipes de choc de la police montréalaise de faire leur travail...), notre atelier reprend tranquillement. De nouveau en effectif réduit ce lundir soir, cinq braves survivantes se retrouvent pour de nouvelles aventures. Après un petit exercice d'échauffement qui portait sur des éléphants et sur des clés, qui ne fut pas une réussite pour tout le monde d'ailleurs, nous passons au programme du jour : la nouvelle.

Un des objectifs du cours est en effet de rédiger une nouvelle d'une page, avec ou sans « punch final » (comprenez « chute »), l'intérêt est ici d'achever pour de bon un projet et de le lire devant la classe, si on le souhaite bien entendu, car il ne s'agit pas de brusquer les grandes sensibles du groupe. Après moultes explications et moultes exemples, grâce auxquels je m'aperçois que personnellement, je préfère que ce soit punché, chacun se lance dans sa petite nouvelle. Certains l'ont commencé, d'autres ont simplement jeté quelques idées sur le papier pour savoir à peu près ce qui sera raconté et comment cela sera raconté. Verdict dans deux semaines, lors de la dernière séance de l'atelier.

Le moment le plus marquant étant selon moi celui où une participante, en revenant de sa pause cigarette, lance un « il fait bon dehors », alors qu'il me semblait bien que sur le chemin du pavillon De Sève où nous œuvrons, j'avais été transie par un bon 0°. Naïvement, j'objecte que je suis positivement gelée dès que je sors, un ange passe, et finalement, oula ma pauvre, là ce n'est rien. Aïe. Et pour me rassurer davantage, on me dit que le pire c'est lorsque le thermomètre oscille entre -8° et -12° (« là, il fait froid ») mais qu'à -20° et au-delà on ne sent plus rien. What else ?

La question est : pourquoi diable une frileuse devant l'éternel a-t-elle décidé de venir vivre dans un tel pays ?!

On me conseille aimablement « les pelures d'oignons et les zipper », autrement dit, préférer accumuler les couches de vêtements conjugués avec des fermetures éclair, car les différences de température entre l'extérieur et le métro ou les magasins se font très vite sentir. Si je n'aimais pas les petits animaux, je me paierai bien une peau de grizzly pour l'hiver !!

Événement digne d'intérêt : ce matin, 22 octobre 2008, il neige.

lundi 20 octobre 2008

On ira...

Ce n'est sûrement pas la sacro-sainte lessive dominicale qui nous empêchera, en ce radieux après-midi, d'aller nous promener du côté du parc du Mont-Royal pour aller admirer les dernières couleurs de l'automne. Après une matinée fructueuse en bagels et en shopping, Romain détient désormais THE manteau qui va le protéger tout l'hiver, duvet d'oie à l'appui, du vent froid et mordant de Montréal.
Ainsi, l'un emmitouflé dans sa couette en forme de manteau et l'autre dans son maxipull acquis la veille chez Simon's, nous nous rendons jusqu'au désormais célèbre chemin de la Côte-des-Neiges pour prendre le bus qui nous emmènera au plus beau panorama de Montréal : le belvédère Camilien Houde. Quinze minutes d'attente à l'arrêt de bus nous font comprendre que quand il fait froid, le duvet d'oie, y a que ça de vrai. Tandis que Romain explore avec avidité les poches secrètes de son manteau, je tente quant à moi de me réchauffer en sautillant sur place et en cherchant le rayon de soleil qui m'empêchera de greloter ! Le bus 11 arrive finalement et nous nous rendons compte que même arrivés les premiers, nous y entrons les derniers : ici, il faut faire la queue pour rentrer dans le bus, la façon à la parisienne qui consiste à bousculer tout le monde pour avoir une place assise est proscrite.

Nous arrivons au belvédère Camilien Houde qui nous offre une vue splendide de la ville qui se décline sous nos yeux dans toutes les couleurs de l'automne : du jaune vif des chênes au rouge sang des érables. Néanmoins, le lieu est trop près de la route et très fréquenté, nous empruntons donc un petit chemin dans la forêt qui nous conduit jusqu'au sommet du Mont-Royal. Nous croisons quelques incongruités : des jumelles identiques en tout point qui s'entraînent au triathlon en uniforme, puis qui s'arrêtent pour parler chiffon avec un policier monté sur un immense cheval, et également un homme qui très consciencieusement s'adonne au ski de fond à roulette.
Puis soudain nous découvrons avec surprise le belvédère du Chalet, qui se situe de l'autre coté du mont, une large place circulaire qui donne une vue imprenable du centre-ville et du Saint-Laurent. Autant vous dire que nous ne sommes pas seuls en ce dimanche après-midi, mais chacun se succède pour admirer le panorama et c'est fier de notre promenade que nous rentrons, en regardant au passage les facéties d'un écureuil qui se laisse volontiers photographier pour obtenir de la main d'un étranger un petit morceau de pain. C'est ça Montréal !

P.S.: pour voir les panoramiques en haute qualité, s'adresser au graphiste ;-)

mardi 7 octobre 2008

La poésie pour les nuls

En ce lundi soir, à 18h passés nous ne sommes toujours que trois participants sur un effectif total initial de douze personnes, il faut croire que ça n'a pas plu à tout le monde... Bref, aujourd'hui le thème de l'atelier c'est "la poésie", youhou génial (engouement feint). Mais lançons-nous néanmoins dans une nouvelle aventure de création.

Première étape : réchauffement littéraire. Le but est d'écrire un texte court avec pour contrainte de caler une phrase imposée dedans. La prof étant en panne d'inspiration, une fille un peu fofolle propose la sentence suivante : "je ne suis pas une abeille". Est-il besoin de préciser que cette fille n'est jamais volontaire pour lire ses jets à haute voix, peut-être faut-il s'estimer heureux. Nous avons eu de tout, du miel, des ours, de l'halloween et des gros délires qui ont détendu l'atmosphère avant l'entrée frontale dans le domaine poétique.

La consigne est de réécrire un poème sur le modèle du Poème à crier dans les ruines d'Aragon. Résultat : un Poème à réciter sous les arbres pour moi, modeste, un Poème à courir nu sur l'A40 et un Poème à pleurer dans la cuisine pour d'autres. On est inspiré ce soir ! Les gens partagent les difficultés qu'ils éprouvent à écrire, à se concentrer, à ne pas se juger, on se croirait parfois dans un cercle des alcooliques anonymes ou dans une thérapie de groupe. Mais l'ambiance est bonne et on continue !

Passons maintenant aux poèmes japonais style haïku, j'explique, raconter une émotion ou un détails en trois vers et dix-sept syllabes. Voici quelques exemples donnés par la prof :

après avoir fait
un beau grand tas de feuilles
hop ! sauter dedans
André Duhaime, Automne ! Automne !

elle regarde la lune
sans cligner des yeux
la grenouille
Jessica Tremblay, Le Sourire de l'épouvantail

Banco ! La forme et le côté léger me plaisent, rien de rébarbatif, juste quelques mots pour partager l'instant. Voici deux de mes chefs d'oeuvres :
elle s'accroche bien
au moins jusqu'à l'automne
c'est la pomme
(vous reconnaîtrez là l'inspiration dominicale de l'auteure)

il se lève très tôt
pour vendre son journal
devant le métro

A vous !

T'es rendu maudit français

Il fallait être fou pour dire non à l'invitation de Synthia et Christian, alors nous voici dimanche midi au métro Longueuil, attendant de pied ferme la grande ballade à Rougemont, j'ai nommé le pays de la pomme ! Une bonne heure de voiture à travers la province nous amène jusqu'au haut lieu de la cueillette de pommes du Québec, pas loin du mont Saint-Hilaire, là où pour 10$ vous pouvez remplir votre sac à ras bord et revenir à la maison avec une cargaison de pommes blanches et juteuses qui rendraient verte de jalousie une royal gala.
De la verdure à perte de vue, un été indien qui commence, des fruits à volonté, c'est tout ce qu'il nous fallait pour reprendre des couleurs et profiter des derniers rayons de soleil avant le long hiver, qui commence à nous faire un peu peur étant donné la façon dont tout le monde nous en parle. Enfin nous avons pu flâner, gambader champêtrement, grimper tel le tarzan du verger, admirer les beaux érables rouges et l'étonnant relief de la province : très plat sauf quelques immenses montagnes qui se dressent d'un coup.

Nous avons pu également déguster la succulente croustade (ne riez pas, ici c'est comme ça que s'appelle le crumble) au pomme et au sirop de vous-savez-quoi, rencontrez des chèvres et des lapins, et passer un bon moment pur québécois, plongés que nous étions dans cet accent aux expressions si savoureuses. Prochain grand moment de ce genre : les cabanes à sucre à la fin de l'hiver où nous nous gaverons de toutes sortes de mets très peu raisonnables recouverts de sirop d'érable.

jeudi 2 octobre 2008

N'ayons pas peur des mots !

Bien le bonjour à tous !

Après quelques jours difficiles de recherche d'emploi qui nous valurent des sueurs froides, nous revoici prêts à vous raconter notre petite vie à Montréal, Qc !

L'université de Montréal, dans son grand talent d'animer les choses, organise tout un programme d'activités culturelles, accessibles aux étudiants et à tout le monde, dans les domaines les plus variés : danse, cinéma, théâtre, couture, chant ou bande dessinée. Vous voulez vous initier au baladi, à l'animation radio, ou apprendre à recycler votre garde-robe ? Alors vous êtes chez vous. Pour ma part j'ai jeté mon dévolu sur l'atelier de création littéraire, à raison d'un atelier tous les lundi de 18h à 21h, jusqu'au 4 novembre.

60$ pour "lever des blocages, vaincre le syndrome de la page blanche, tout en jouant avec les mots et l'imagination". Appétissant ! Me voici donc à l'heure dite, parmi onze autres participants hétéroclites : un vieux journaliste complexé, une italienne, une grande bavarde, un informaticien inspiré, une névrosée, deux hystériques, une femme qui me fait des blagues que je ne comprend pas et pour finir un auteur qui ne sait pas comment écrire la pièce de théâtre qu'on lui a commandé. Au milieu de cela, une toute petite dame souriante nous explique qu'elle est là pour nous faire comprendre qu'écrire, c'est pas plus difficile qu'autre chose quand on sait comment commencer. Pô pire !!

Nous faisons des exercices, célébrons le grand Georges Perrec et sa Disparition (essayez d'écrire la première phrase d'un roman sans la lettre e, et après on se reparle) et certains osent même lire leurs jets devant tout le monde (dont moi, waouuuu exploit total), tout cela sans jamais aucun jugement. L'animatrice nous distribue un tas de polycopiés qui font baver la grande fan des dictionnaires que je suis : des synonymes, des idées par les mots, des symboles, des rimes, une petite fabrique de littérature et le très hilarant Exercices de style de Raymond Queneau qui manque de me faire pouffer de rire toute seule rien qu'en y repensant. Au programme la semaine prochaine : la poésie (réaction épidermique de rejet), la poésie japonaise Haïku je dirais-même. On verra bien, en attendant, je vais faire mes exercices ! J'ai choisi : la page arrachée (écrire une page d'un récit qui n'existe pas, comme si c'était la seule page qu'on ait pu trouver d'un livre perdu).